Je vis ses yeux méchants derrière le masque.
La foule chantait et dansait dans la rue. Le feu d’artifice, la musique et toutes les couleurs vives du carnaval ont inondé cette ville. L’air était rempli par l’odeur de l’alcool et de la sueur. Cette ville était soûle, ivre, folle, en extase. Mais moi, je n’avais pas perdu ma conscience. Au contraire, toute cette folie-là me rendait plus sensible à ce qui se passait autour de moi.
A moment donné, des yeux brillants et méchants me capturèrent comme un chasseur trouvant son gibier. Le possesseur de ces yeux m’a suivie tout le long de mon chemin : un homme en costume noir et masque blanc. Une atmosphère effrayante autour de lui me faisait trembler. Il avait l’air si sombre et si mystérieux, comme s’il était venu de l’enfer.
J’ai commencé à transpirer, pas d’une chaleur extérieure mais de froid, à l’intérieur de mon corps. Je me suis cachée dans le défilé pour qu’il ne me voie plus. Cependant, je le retrouvais toujours derrière moi, à une certaine distance, où que je sois.
Qui était-il ? Que voulait-il ? Je me suis posé ces questions en me mettant à courir. Mon cœur battait à une telle vitesse que je ne pouvais plus réfléchir. Je sentais sans arrêt que le regard de cet homme, si aigu et si lourd comme des milliers d’aiguilles ou la bise, pénétrait dans tout mon corps.
Tout à coup, je suis tombée sur un homme qui était en train de parler avec ses amis. « Excusez-moi! », lui ai-je dit. Il se tourna pour me voir.
Mon sang se gela. Tout le bruit avait disparu. Il n’y avait plus de musique, plus de fête, plus rien. Sauf moi et cet homme, le possesseur de ces yeux méchants. Il était juste devant moi.
J’ai cassé le silence en tremblant : « Qui êtes-vous ? »
« Je suis toi », répondit-il. « Je suis ton cœur et ton désir que tu tentes de cacher. Je suis ton rêve et ton cauchemar que tu tentes d’oublier. Je suis ta peur et ta mémoire que tu tentes d’enterrer. »
«Qu’est-ce que tu veux ? Pourquoi tu ne me laisses pas tranquille ? ».
«Tu refuses de reconnaître mon existence depuis longtemps. C’est pour ça que je te suis. Tout ce que je veux est que tu m’acceptes. »
Tout à coup, il s’est répandu en sang et a coulé vers moi pour m’attraper…
J’ai crié. Ensuite, je me suis réveillée.
C’est le lendemain du carnaval. L’aube commence à éclairer le ciel. Un masque blanc, comme celui que portait l’homme dans mon rêve, est par terre dans ma chambre…
Créé dans l'atelier de l'IEFE, Montpellier 3 (Professeur MLB ) à partir des outils d'écriture du site "Concordance"
http://concordance.free.fr
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire